EXPOSITIONS PERSONNELLES

Exposition Prague 2014
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Jiri Hanibal

Article paru dans
"Le Figaro"

Article paru dans
"Le Monde"

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Vernissage

INTRODUCTION DE M. VACLAV JAMEK* Ph.Dr. POUR L’EXPOSITION DES TABLEAUX
DE JIRI HANIBAL A PRAGUE LE 18/02/04

"Aller chercher son démon"

J’ai connu Jiri Hanibal juste après son arrivée de Toulouse à Paris. Dans sa vie, ça a été une période qu’on pourrait appeler héroïque. A cette époque, il habitait non loin du cimetière du Père-Lachaise. Lui servait de refuge un bistrot désaffecté dont la face vitrée avait été juste cachée avec du papier kraft. Partout dans une pièce pourrie avaient été exposés ses tableaux, tous, sauf un ou deux d’exception, en noir ou doré, et ça allait très, très bien. On y trouvait une gaieté dure, une ouverture, voire une nudité, et aussi un drôle de mélange de haine de soi même et de courage d’affronter son démon.

Ses tableaux accrochent le spectateur par leur style expressionniste, leurs sujets souvent purement érotiques. L’expressionnisme est la base de sa peinture, ses maîtres sont par exemple Georges Rouault et Gustave Doré. Il s’agit donc d’un expressionnisme sérieux, même spirituel. Il garde son agressivité aussi bien dans le style que dans ses sujets ; on trouve un sarcasme existentiel sans être grotesque.

La dualité des couleurs noire et grise a été un des traits les plus marquants de ses débuts parisiens. Souvent je me suis moqué de lui en trouvant dans son dualisme du désespoir et de l’éternité, une recherche inconsciente d’un monisme de la couleur verte, la recherche d’une Arcadie heureuse, bucolique.

Sa démarche sur les couleurs : le doré qui reflète le plus de lumière et le noir qui en reflète le moins, Hanibal l’a trouvée chez Ludwig Wittgenstein. La couleur dorée est la couleur des icônes ainsi que des peintures du Moyen-Age.

Les icônes ne veulent pas dire uniquement spiritualité, vue de l’absolu et des racines de l’existence. Elles sont aussi une sorte de symbole de la réalité qui peut à la fin devenir figé.

Dans ses deux domaines, Hanibal change les valeurs selon ses besoins. La couleur dorée chez lui devient inversée ; dans les icônes c’est la couleur de l’arrière plan (le personnage entre les mains de dieu), ici c’est le personnage qui est doré et l’arrière plan noir. L’absolu devient une partie intérieure de l’être, sa partie intrinsèque, mais l’arrière plan souligne la non-présence de la lumière qui doit donc sortir directement de la forme du personnage. L’œuvre, en se montrant dénuée dans sa base, devient donc « transgressive ». On y trouve dedans à la fois le diable et le saint ; sur un fond goudron gris, même la couleur dorée se dénue dans sa façon négative. L’absolu se retrouve avec le double sens et ne peut le réduire.

On ressent les personnages agressifs mais pas naturalistes menant vers le symbole; ce symbole ne devient pas un idéogramme, un hiéroglyphe, qui aurait gelé l’expression, il reste fortement lié avec le geste.
Le symbole devient un hiéroglyphe d’un combat avec un éclair décisif de l’être. Même le sexe, dans son rôle le plus simple devient cette base.

Mais la dichotomie aussi nue aurait été trop facile. Dans cette période, le peintre commence à développer des influences de Gustave Moreau.

Chez Moreau la lumière est noire. Certains tableaux de Hanibal reprennent cette configuration directement en faisant la conversion dans la couleur dorée, qui se répand sur toute la surface du tableau en s’enrichissant de variantes et profondeurs.

Enfin on a le monisme, mais le monisme doré. Donc le peintre est beaucoup plus intéressé par les masses , par le relief de la peinture. La dichotomie change ; le personnage en restant un raccourci rentre dans la masse de la peinture, il devient même physique.

Ensuite, comme si le peintre avait été confronté à son destin ; on retrouve le sujet d’une chatte remplaçant le sujet de la mère dans toute sa dualité. Avec ce sujet, sa peinture devient plus ouverte à tout ce qui lui a été jusque là refusé. On retrouve des couleurs, et d’un seul coup le peintre nous fait un bouquet de fleurs, ce qui est dans sa production parfaitement inattendu. Une fois de plus il n’est pas vert – il est blanc, noir et doré; on sent bien son coté robuste et énergique, et peut-être on pourrait deviner là la prochaine évolution de sa peintre, toujours basée sur une vitalité entêtée qui lui est propre.

Vaclav Jamek

* VACLAV JAMEK Conseiller culturel à l'ambassade de la République tchèque à Paris (1995-1998). À partir de 2003, il enseigne la littérature française à la Faculté de Philosophie de l'Université Charles de Prague, grade de docent (maître de conférenceIl est surtout connu en France pour la publication, juste avant la chute du mur de Berlin, de son Traité des courtes merveilles (Prix Médicis de l'essai en 1989). ) en 2008.

 
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